Jean-Yann Mokodopo
J’affectionne le dessin depuis mes premières années. Mes souvenirs naissent avec un crayon dans la main. Cadet de trois sœurs, une vision sacrée et singulière de la femme se construit dés mes jeunes années, laquelle nourrit des archétypes que nous évoquerons juste après.
C’est au terme d’une inlassable quête d’orientation, de repères et de désir de concilier ma passion avec mes études que m’apparaît la prépa Koronin en 2012. C’est durant cette année riche en découverte que j’appréhende la peinture et qu’a lieue mon émancipation.
Adieu formats A4, bonjour médiums divers. J’expérimente et, dans une effusion de techniques mixtes, entreprends de réaliser des peintures texturées pour une expérience pluri sensorielle. Un art pour tous que même les aveugles pourraient palper. Une exploration tactile qui devient alors le fer de lance de ma pratique et m’incite à organiser mes créations en « rivières » qui miment des sections distinctes de biomes. Ainsi, la préhension de l’œuvre s’en trouve accessible car compartimentée. Campant, l’année suivante, une place dans l’atelier des Beaux Arts de Versailles, mes rivières se succèdent en matières diverses et variées.
Mais alors que mon dialogue s’ouvre aux autres, qu’en est-il de moi ? De mon introspection ?
Mes rivières me renvoient à ces fameux archétypes de la femme. S’articule alors, autour du travail de l’eau qui transparait dans mes toiles, la sémantique des cheveux féminins que je compare à des cascades et autres cours d’eau. J’utilise alors une relique que je voyais se transmettre autour de moi durant mes années insouciantes : les extensions capillaires.
Par leur biais, je crée le débord aqueux. Ces extensions, que je traite à la résine pour les solidifier et les courber à ma guise, deviennent le pendant réel de l’eau qui s’émancipe de mes toiles. Un trompe-œil induit ainsi un relais entre la scénographie dynamique de l’eau peinte et son débord qui s’insurge en ergots capillaires peints dans une même facture. La boucle est bouclée : ma création prend désormais racine dans le terrain fertile de mon enfance.